“Nos métiers sont pénibles d’abord parce qu’ils sont dangereux, il n’y a qu’à voir le nombre d’accidents – notons au passage que dans plus de la moitié des cas, c’est la sous-traitance qui est en jeu, avec des problèmes d’organisation du travail ou l’absence d’accueil sécurité des intérimaires. La pénibilité, c’est aussi l’exposition aux produits chimiques : amiante, plomb, les terres polluées, la silice, les poussières, le travail en milieu confiné – sur le chantier d’Eole [prolongement du RER E vers l’ouest de Paris, NDLR] , les gars doivent porter des masques avec des cartouches à changer tous les jours, ils les gardent parfois toute la semaine… Et le droit de retrait, c’est du blabla, Combien de personnes ont le courage de le mettre en œuvre et savent seulement comment faire, comment remplir le registre ?
On est aussi très exposés à la chaleur et au froid, mais ce n’est pas vraiment pris en compte. Pour le froid, on nous donne des vêtements chauds, et on nous dit que c’est bon… En fait, je ne sais pas si l’employeur déclare une exposition au titre du compte pénibilité, ni même si l’on est considérés comme suffisamment exposés. Et pourtant, on y est ! Quant aux vibrations [facteur ne figurant plus dans le C2P, NDLR], il y a une prime pour ceux qui sont concernés, mais pour ne pas écrire qu’un gars qui tient un marteau-piqueur est exposé aux vibrations, sur sa feuille de paye, il est simplement écrit “prime 80 euros”…
Dans notre travail syndical, et au sein de la CSSCT, beaucoup de ce que nous revendiquons est en lien avec le fait que nos métiers sont pénibles, même si ce ne sont pas des critères qui sont dans le compte ou qui y ont été. Moi je ne regarde pas la loi, je regarde la légitimité, je regarde les effets sur la santé. Là, on voit bien les problèmes, il faut être malhonnête pour ne pas les voir.”