Je pèse près de 13 milliards d’euros en Bourse, je suis une vraie valeur de croissance dans un secteur en pointe, j’ai gagné près de 20% au pic de cette journée de jeudi après avoir surpris agréablement la communauté financière à l’occasion de mes comptes semestriels, et je signe au passage un nouveau plus haut historique, je suis, je suis ? Eurofins Scientific !
Et c’est bien ce laboratoire de bioanalyse basé au Luxembourg qui a volé la vedette au Cac 40 pour cette avant-dernière séance de la semaine, indice auquel il pourrait prétendre, lui qui officie en très bonne place au sein du Next 20, antichambre du Cac 40. L’entreprise, créée à Nantes, pèse quasiment autant que Peugeot, mais déjà plus que dix autres grands noms de l’indice phare (Unibail-Rodamco-Westfield, Accor, Renault, Publicis, Atos, Veolia, Carrefour, ArcelorMittal, Société Générale, Bouygues). Eurofins Scientific, qui propose aussi des tests de dépistage du Covid-19, est la deuxième plus grosse entreprise du Next 20, derrière EDF, autrefois première capitalisation de la place de Paris, mais devant Alstom…
Accélération des ventes au deuxième trimestre
Ce matin, le laboratoire a publié ses comptes du premier semestre. Le chiffre d’affaires comme les bénéfices sont ressortis supérieurs aux attentes. Pour des facturations de 2,32 milliards d’euros, en croissance de 7,2% (dont +5,1% à périmètre et taux de change constants), le profit net a progressé de plus de 60%, à 95 millions. Grâce au début de la montée en puissance des tests liés au Covid, la croissance s’est même accélérée entre le premier et le deuxième trimestre.
Cette publication a finalement volé la vedette au Cac 40 qui, ce jeudi, s’est contenter de lâcher un peu de lest après trois jours de progression d’affilée et un gain cumulé de plus de 3%. L’indice a perdu 0,98% en clôture, à 4.885,13 points, dans un volume d’échanges de 2,73 milliards d’euros.
La tendance a été plombée par les hésitations de Wall Street avant des rendez-vous majeurs, et par la baisse de 3,4% d’Axa, dans le Top 15 des poids lourds du Cac 40. L’assureur a abandonné deux de ses objectifs après avoir accusé une division par deux de son profit opérationnel au premier semestre, sur fond de crise sanitaire. De plus, il ne versera pas de complément de dividende en fin d’année. Crédit Agricole, qui publiait également des comptes à fin juin, a perdu 1,08%.
Des dossiers chauds aux Etats-Unis
La réduction plus marquée que prévu des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis, de 249.000 à 1,18 million, soit leur plus bas niveau depuis le début de la pandémie, n’a pas suscité de réaction particulière, à la veille de l’annonce des chiffres de l’emploi de juillet par le département du Travail. Les analystes se gardent bien, en effet, d’en tirer des conclusions pour le rapport officiel du Bureau of Labor Statistics (BLS) de demain, dans la mesure où les données publiées ce jeudi sont arrêtées au 31 juillet, date qui correspond à la fin des aides fédérales supplémentaires.
Les investisseurs optent d’autant plus pour la prudence que les tensions sino-américaines s’exacerbent autour de la « tech », même s’ils espèrent un accord du Congrès sur de nouvelles mesures de soutien, sachant que les parlementaires se sont donné jusqu’à demain pour tenter d’aboutir.
Sur le front géopolitique, Washington fait en effet monter la pression sur les entreprises technologiques chinoises. Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a appelé les Américains à purger les réseaux numériques et les « App Stores » des applications chinoises « non fiables ». Le chef de la diplomatie américaine a ajouté que la plateforme de vidéos TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, de même que la messagerie WeChat, autre société chinoise, représentent des « menaces significatives » pour la sécurité des données des utilisateurs américains.
Plus que 24 heures pour négocier
De leur côté, les discussions se poursuivent au Congrès pour tenter de parvenir à un accord en vue de renouveler l’essentiel des mesures de soutien à l’économie et, notamment, les aides supplémentaires destinées aux chômeurs, qui ont expiré vendredi dernier. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin et le chef de cabinet de la Maison-Blanche Mark Meadows doivent rencontrer Nancy Pelosi, chef de file de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, et Chuck Schumer, le leader de la minorité démocrate au Sénat. La Chambre haute devrait siéger la semaine prochaine, reportant ainsi ses vacances, a annoncé Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat. Les deux chambres du Congrès disposent ainsi d’une semaine supplémentaire pour entériner un nouveau paquet budgétaire.
Mark Meadows a déclaré hier soir que si la perspective d’un accord reste hors de portée en fin de semaine, Donald Trump se tient prêt à user de ses prérogatives présidentielles pour obtenir une prolongation des prêts étudiants, imposer un moratoire sur les expulsions immobilières et prolonger les aides supplémentaires pour les chômeurs. Dans cette optique, l’administration pourrait demander aux agences fédérales d’utiliser les sommes non encore dépensées, provenant du précédent plan de 2.200 milliards de dollars voté en mars, pour les réorienter, rapporte Bloomberg en citant une source proche du dossier.