Plusieurs actions de soutien ont été menées pour aider ces établissements à protéger la santé de leurs résidents et personnels et limiter la propagation du virus en leur sein : stratégie de confinement, dépistage et appui médical…
Un plan de dépistage massif lancé mi-avril dans les 706 Ehpad d’Île-de-France
Suite aux annonces du gouvernement, préconisant essentiellement le dépistage des résidents symptomatiques, l’ARS Île-de-France a souhaité aller au-delà des recommandations nationales en raison de la circulation active du virus dans la région, en testant progressivement la totalité des agents et résidents de chaque Ehpad. Objectif ? Faciliter le recours aux tests diagnostiques pour aider à la mise en œuvre des prises en charge et mesures de prévention adaptées : organisation de l’isolement des résidents, parfois difficile à mettre en place en raison des troubles cognitifs de certains d’entre eux (démence, déambulation…), création de zones Covid+ et Covid – avec personnel dédié à chacune de ces zones et doté des équipements de protection nécessaires.
Menée en étroite collaboration avec les Conseils départementaux, cette vaste opération a pu être conduite en seulement 3 semaines grâce à l’augmentation des capacités de tests PCR et la mobilisation de l’ensemble des laboratoires de biologie médicales publics et privés. A ce jour, 99 % des 706 Ehpad franciliens ont été testés, soit 695 établissements publics et privés, et 77 000 tests réalisés.
Les établissements ont été priorisés selon la sévérité de l’épidémie analysée, le nombre de résidents et professionnels atteints, et en fonction du taux d’attaque au jour de l’enquête et en cumul depuis le début de l’épidémie. L’ensemble des établissements ont été testés, qu’ils aient ou non déclaré des cas de Covid. Rappelons que 670 des 706 Ehpad d’Île-de-France ont déclaré au moins un cas de Covid.
Les résultats de cette campagne de dépistage montrent un taux de Covid + de 22 % chez les résidents et de 12 % chez les personnels. Le nombre de personnels Covid+ asymptomatiques représente 5 % du personnel, ce qui rappelle l’importance des gestes barrières à appliquer auprès des populations vulnérables. Ces informations ont permis aux directions de prendre les mesures de gestion les plus adaptées pour prévenir la propagation du virus en interne à l’établissement.
Une prise en charge médicale et soignante renforcée
Pour faire face à un absentéisme accru du personnel en Ehpad pendant cette crise, jusqu’à 18 % au lieu de 10 % habituellement, l’ARS Île-de-France a activé tous les leviers pour renforcer les équipes : création de l’application « Renfort Covid » et mobilisation de la réserve sanitaire et des étudiants, soit plus de 3 000 volontaires affectés dans les Ehpad.
L’ARS Île-de-France a par ailleurs conclu des accords avec les URPS pour développer l’intervention de professionnels de santé libéraux dans les Ehpad. Ainsi, des médecins, des masseurs kinésithérapeutes, des infirmiers libéraux, des pédicures podologues sont venus en appui auprès des équipes soignantes.
Le secteur hospitalier a également été mobilisé à travers le renforcement des 29 filières gériatriques, qui fonctionnent en horaires élargis sur l’ensemble de la région et ont développé une astreinte téléphonique et un appui médical renforcé. De plus, une astreinte téléphonique, constituée de médecins volontaires, a été étendue et accessible 7 jours sur 7 pour appuyer ces astreintes gériatriques la nuit et le weekend. Environ 30 % des Ehpad indiquent y avoir recours quotidiennement pour bénéficier de conseils ou faciliter l’admission vers un établissement hospitalier. Les SAMU-Centre 15 s’appuient également sur ces filières pour mieux répondre aux Ehpad et anticiper les situations non urgentes.
L’ARS a également déployé des équipes mobiles extra hospitalières, composées de médecins et d’infirmiers, pour aller évaluer sur place la situation globale d’un établissement ayant connu un nombre important de cas avérés, aider au recours à l’hospitalisation et appuyer les équipes soignantes dans les prises en charge individuelles. A ce jour, plus de 130 Ehpad ont bénéficié des services de ces équipes.
Enfin, l’ARS Île-de-France a distribué gratuitement 434 tablettes numériques pour réaliser des téléconsultations et faciliter le recours aux expertises hospitalières.
Toutes ces actions ont été déployées par l’ARS Île-de-France en lien quotidien avec les Conseils départementaux, les représentants des établissements médico-sociaux pour personnes âgées et les principaux opérateurs régionaux, fortement mobilisés pour faire émerger les bonnes initiatives locales et accompagne la mise en œuvre des mesures engagées.
Les données épidémiologiques
L’ARS Île-de-France a mis en place, depuis le 24 mars, un questionnaire déclaratif qui permet aux directeurs d’établissements de faire remonter leur situation, leurs besoins, les cas déclarés et les décès survenus. On estime à environ 5 600 les décès dus au Covid chez les résidents d’Ehpad, dont 1 200 survenus à l’hôpital.
Ces données sont approximatives car les décès déclarés par les directeurs d’Ehpad, en amont du dépistage généralisé, ne sont pas établis sur des diagnostics posés mais sur des suspicions de cas. Le calcul de la part attribuable de mortalité covid en Ehpad sera effectué par Santé Publique France sur la base de données agrégées, redressées avec d’autres sources d’information (état civil, données INSEE, etc) et consolidées.
La surmortalité due au Covid-19 nécessite une analyse approfondie en prenant en compte l’état de santé de ces populations vulnérables. En France, les résidents en Ehpad ont environ 85 ans et cumulent en moyenne plus de 8 pathologies. Cette surmortalité doit être évaluée plus finement et prendre en compte les décès inévitables.
Les nouveaux défis
L’ARS Île-de-France continue d’accompagner ces établissements, en intégrant deux nouveaux défis à relever :
- Le déconfinement : l’ARS a produit des recommandations et accompagne les établissements sur plusieurs problématiques comme la réouverture des visites dans un cadre maîtrisé, le renforcement des mesures d’hygiène pour les intervenants de retour dans les établissements, la reprise d’une vie sociale avec la mise en place de nouvelles règles concernant les repas, les animations…
- Le suivi renforcé des résidents : après deux mois de confinement, la période post Covid nécessite de porter aux résidents une attention accrue. Des risques de déshydratation et de dénutrition peuvent survenir, ainsi qu’une perte musculaire. Un bilan médical complet doit être réalisé, et l’accent doit être mis sur la lutte contre la dénutrition et la reprise d’une activité physique adaptée. Il s’agit de remobiliser les personnes âgées et de leur proposer un suivi médical personnalisé : reprise de poids, hydratation, activité physique.
Pour répondre à ces enjeux, l’ARS Île-de-France a missionné le Pr Agathe Raynaud Simon, PU PH, Chef du service gériatrie à l’hôpital Bichat et Présidente de la Fédération Française de Nutrition, pour établir des recommandations sur la prise en charge nutritionnelle et la mobilisation physique des personnes résidents dans les EHPAD franciliens dans le contexte de l’épidémie.
En lien avec les professionnels du secteur, ces recommandations ont fait l’objet d’une doctrine opérationnelle destinée à toutes les équipes des Ehpad et accessible sur notre site.
Elle donne à la fois des conseils pour repérer les risques de dénutrition et de perte musculaire dans ce contexte épidémique, des bonnes pratiques en matière de nutrition (apports journaliers nécessaires, idées de recettes, etc) et de réhabilitation physique.