L’élaboration de ces pistes de travail est coordonnée par le délégué interministériel au déconfinement et se nourrit de réflexions et d’initiatives portées sur les territoires, qui sont très inégalement touchées par l’épidémie et ont été amenés à développer des stratégies adaptées. La région Ile-de-France, avec le Grand Est, a été particulièrement touchée par l’épidémie Covid-19, ce qui a conduit à un nombre très élevé de patients admis en réanimation, proche de 3 000, ayant nécessité des évacuations sanitaires pour éviter de dépasser les capacités pourtant largement accrues.
Depuis le début de l’épidémie des outils innovants sont développés en Ile-de-France pour faire face à la crise sanitaire et accélérer les réponses du système de santé. C’est notamment le cas de plateformes de suivi des patients, comme Covidom, ou d’outils de mobilisation tel que renforts-covid.fr, mais aussi d’aide à la mutualisation des moyens entre tous les acteurs, par exemple pour coordonner les stocks des pharmacies des hôpitaux publics et privés.
Parallèlement, en Ile-de-France, comme dans d’autres régions, des équipes de recherche ont travaillé à des actions pour « casser » les chaînes de transmission qui continuent à exister, puisque aujourd’hui encore des patients sont diagnostiqués chaque jour, la majeure partie étant en suite suivie à domicile et une part nécessitant des soins hospitaliers. Ils ont proposé de renforcer les interventions auprès de ces patients et les actions d’identification des autres personnes potentiellement contaminantes, en s’appuyant sur les acquis de la première phase de la crise.
Dans ce cadre, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris a proposé de mener des programmes pilotes en renforçant l’approche déjà suivie vis-à-vis des patients se présentant dans ces services d’urgences ou inscrits par des médecins de ville sur l’application COVIDOM, en expérimentant un dispositif sur trois sites : la Pitié Salpétrière, Bichat-Louis Mourier et Avicenne, pour en tester la faisabilité. Ces pilotes font participer la médecine de ville, les collectivités et des partenaires privés (hôtels par exemple) dont le rôle pourrait être important, si les pilotes étaient concluants pour un déploiement. Pour endiguer la transmission du virus à leur entourage, identification, diagnostic, conseils, équipements et hébergement à l’hôtel si nécessaire seront proposés à ces patients.
Il s’agit par ces programmes pilotes de tester la robustesse de certaines hypothèses, d’identifier les bénéfices et les obstacles au déploiement à plus grande échelle de solutions de cette nature.
Une telle démarche suppose la mobilisation conjointe d’acteurs diversifiés dans le champ sanitaire (hôpital, médecine de ville, centres de santé, instituts de recherche…) mais suppose aussi un engagement fort des collectivités territoriales comme d’acteurs associatifs ou privés, notamment s’il apparaît nécessaire de proposer des solutions d’hébergement aux personnes dont les conditions d’isolement à domicile ne permettraient pas de garantir l’absence de transmission du virus.
Autour de cette initiative de nombreux acteurs se sont déjà engagés, en particulier la Ville de Paris ou le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, les Unions régionales des professions de santé ainsi que la Croix-Rouge. Sa pleine réussite nécessitera de mobiliser encore plus largement les acteurs territoriaux, et notamment le Conseil régional d’Ile-de-France, dont les compétences permettront de renforcer l’efficacité du dispositif.
Sous l’égide du préfet de la région d’Île-de-France, préfet de Paris, Michel Cadot et du Directeur général de l’Agence Régionale de Santé Île-de-France, Aurélien Rousseau, cette initiative permettra d’approfondir des scenarios et de nourrir le travail engagé à l’échelle nationale par le délégué interministériel chargé de coordonner la stratégie nationale du déconfinement, Jean Castex, en vue d’assurer les conditions optimales de maîtrise de l’épidémie dans la période postérieure au 11 mai.