La Bourse de Paris évolue sur une note irrégulière. Plus que le communiqué sans réelle surprise de la BCE, c’est l’augmentation nettement plus forte que prévu des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis qui freine la tendance. Ces dernières ont augmenté de 137.000 à 853.000 la semaine dernière, soit leur plus forte hausse depuis mars, contre 725.000 anticipées. Cette statistique contrebalance les chiffres meilleurs qu’attendu de l’inflation (+0,2% en novembre, contre +0,1% estimé, en données globales comme hors alimentation et énergie).
Vers 16h00, le Cac 40 cède 0,13% à 5.537,87 points dans un volume d’affaires de 1,75 milliard d’euros. A New York, le Dow Jones cède 0,14% et le Nasdaq Composite grappille 0,10%.
Pas de surprise du côté de la BCE
Dans le communiqué publié à l’issue de son conseil des gouverneurs, la Banque centrale européenne a annoncé sa décision de relever le montant de son programme d’achat d’urgence pandémique (PEPP) de 500 milliards d’euros, pour le porter à 1.850 milliards, et de le prolonger au moins jusqu’à fin mars 2022. Les opérations de refinancement à plus long terme (TLTRO), destinées à fournir les banques en liquidités, se poursuivront jusqu’à la fin 2021, tandis que les modalités les plus favorables s’appliqueront jusqu’en juin 2022, soit une prolongation d’un an. Le marché tablait sur un relèvement de l’enveloppe du PEPP compris entre 500 et 650 milliards d’euros.
Lors de sa conférence de presse, Christine Lagarde a annoncé que les risques restaient orientés à la baisse en raison du ralentissement de l’activité dû à la pandémie, notamment dans les services. En conséquence, l’économie de la zone euro devrait se contracter au quatrième trimestre, les dernières données suggérant que la pandémie devrait avoir un impact à court terme plus prononcé que prévu et que le taux d’inflation devrait rester négatif jusqu’au début 2021. La reprise de la croissance devrait être moins prononcée que prévu en 2021, mais elle devrait accélérer plus nettement qu’escompté en 2022 grâce à l’immunité collective provoquée par la distribution de vaccins contre la Covid-19.
Concernant la hausse de l’euro, elle a indiqué que la banque centrale surveille « très attentivement » l’évolution des changes car la hausse de la monnaie unique crée une pression baissière sur les prix. Enfin, les prévisions économiques ont été révisés par rapport à septembre (voir le tableau ci-dessous).
Les nouvelles projections économiques de la BCE
ECB President Christine Lagarde introduces the baseline GDP and inflation outlook for the euro area. pic.twitter.com/honGHMMChG
— European Central Bank (@ecb) December 10, 2020
Prolongation des discussions sur le Brexit
Toujours en Europe, Ursula von der Leyen et Boris Johnson sont tombés d’accord pour reconnaître que les discussions entre l’Union européenne et le Royaume-Uni devaient se poursuivre faute de progrès. Une décision « ferme » devra être trouvée d’ici dimanche sur l’avenir des relations commerciales entre Londres et Bruxelles. Les deux parties ont reconnu que des divergences importantes demeurent à l’issue de trois heures de discussions « franches » entre le Premier ministre britannique et la présidente de la Commission européenne. C’est également aujourd’hui que s’ouvre un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens de deux jours, essentiellement consacré au budget 2021-2027 et au plan de relance de 750 milliards d’euros proposé par la Commission, qui avait été rejeté par la Hongrie et la Pologne car conditionné au respect de l’état de droit. Un déblocage serait en vue après un compromis accepté par Budapest et Varsovie.
Enfin, un comité de la Food and Drug Administration (FDA), l’autorité sanitaire américaine, doit se réunir dans la journée pour étudier la demande d’autorisation d’urgence du vaccin contre la Covid-19 de Pfizer et BioNTech. Un feu vert est espéré après les conclusions favorables de la FDA sur l’analyse des données sur l’efficacité et l’innocuité du vaccin. Après le Royaume-Uni et Bahreïn, le Canada est le troisième pays à avoir approuvé le vaccin de Pfizer-BioNTech. L’Union européenne doit se prononcer vers la mi-décembre.
Total en soutien, STMicro et Renault dans le rouge
Toujours aux Etats-Unis, AirBnB fait son entrée sur le Nasdaq ce jeudi. La plateforme de location de logements compte lever près de 3,5 milliards de dollars. Le groupe et ses actionnaires ont vendu environ 52 millions d’actions au prix unitaire de 68 dollars, selon des sources citées par Bloomberg, contre une fourchette indicative comprise entre 56 et 60 dollars (et 44 à 50 dollars auparavant). L’IPO valorise l’entreprise 47,3 milliards de dollars.
A Paris, STMicroelectronics perd encore 2,4% au lendemain de l’abaissement de ses prévisions à moyen terme. Le groupe a notamment reporté d’un an, à 2023, son objectif de chiffre d’affaires de 12 milliards de dollars.
Solutions 30 poursuit également sa glissade avec une chute de 8,5% après un plongeon de 18,7% mercredi. Le groupe ne parvient apparemment pas à rassurer malgré son démenti aux informations évoquant des liens avec des personnes condamnées pour blanchiment, ainsi que des erreurs comptables.
Renault cède 1,9% sous l’effet de prises de bénéfices après un gain de près de 4% mercredi.
Total s’apprécie de 1%, soutenu par la progression de 2,6% des cours du Brent à plus de 50 dollars, et ce en dépit d’une augmentation quasi record des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière. Le marché joue la reprise grâce au vaccin et à un relèvement progressif de la production de l’Opep.
Danone engrange 1,5%, dans le sillage du Stoxx 600 de l’alimentation-boisson, qui, jugé défensif, signe la meilleure performance sectorielle en Europe avec un gain de 0,8%.
Peugeot perd 1%. Le groupe familial Peugeot a annoncé avoir renforcé de 2% sa participation au capital de Peugeot SA pour la porter à 14,38%, ce qui lui accorde 19,36% des droits de vote, à l’approche de la fusion entre le constructeur français et l’italo-américain Fiat Chrysler Automobiles (FCA).
L’Oréal monte de 04%. Deutsche Bank a relevé sa recommandation sur le titre du groupe de cosmétiques de « conserver » à « achat ». Parmi les autres notes d’analystes, Oddo BHF a réitéré sa recommandation à « achat » sur Alstom (+1,4%) pour viser 52 euros.