La pression des investisseurs commence à porter ses fruits. BHP vient d’annoncer son intention de sortir du charbon thermique, l’énergie fossile la plus polluante, d’ici à deux ans. Une petite révolution dans le secteur. Au printemps dernier, la société avait été placée sous « observation » par le fonds souverain norvégien, un mastodonte qui gère plus de 1.000 milliards de dollars et dont la participation dans l’entreprise cotée à Londres s’élève à 4,8 %.
Le fonds ne veut plus investir dans un groupe produisant plus de 20 millions de tonnes de charbon thermique par an. Il n’a d’ailleurs pas hésité à exclure Glencore et Anglo-American de ses investissements en mai dernier.
A l’occasion de la présentation de ses résultats annuels mardi, BHP a fait savoir qu’il regardait toutes les options pour se séparer des mines de Mount Arthur dans la région New South Wales et revendre sa participation dans le projet Cerrejón en Colombie. D’ici à septembre, BHP va également renforcer ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre.
Un coke de meilleure qualité
Le groupe minier n’entend toutefois pas tourner le dos à toutes les énergies fossiles. Il continuera d’extraire du charbon de coke, utilisé dans les hauts-fourneaux pour la production d’acier. Mais BHP estime que les aciéries chinoises vont chercher à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en achetant du coke le plus bas carbone qui soit.
« Pour renforcer notre portefeuille en termes de valeur, de risque et de profit, nous avons l’intention de concentrer notre activité charbon sur des charbons à coke de meilleure qualité », précise le groupe dans un communiqué. L’avenir de certaines mines dans le Queensland est sur la sellette.
Chute des prix
Cette décision a aussi un fondement économique. Les prix du charbon thermique sont tombés à des niveaux inférieurs à ceux de 2015-2016. Les deux tiers des exportations de charbon thermiques dans le monde se font à perte, estime BHP. Une dégringolade qui a aussi pesé sur les résultats de Glencore.
A plus long terme, l’électricité produite à partir de charbon va perdre en compétitivité face aux énergies renouvelables dans les pays développés et en Chine, prédit le groupe. Il n’y a guère qu’en Inde et dans les pays à faibles revenus densément peuplés que BHP voit encore un avenir pour le charbon thermique.
Bénéfice à 8 milliards
Du coté des résultats, le bénéfice net annuel pour l’exercice clos à fin juin est ressorti en légère baisse de 3,6 % à 8 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 42,9 milliards. « Au cours d’une année marquée par la pandémie de Covid-19, les mouvements sociaux au Chili et la volatilité des matières premières, nous avons été plus fiables et avons produit à moindre coût », se vante le directeur général Mike Henry .
Le groupe a pu profiter de l’envolée des prix du minerai de fer au-delà des 100 dollars la tonne . BHP tire 64 % de ses profits du minerai de fer. Après une année globalement stable, les perspectives sont plus incertaines. La demande en fer de la Chine devrait baisser car la production d’acier a atteint un plateau et la part du recyclage augmente. A plus long terme, la transition énergétique va alimenter la demande en métaux, notamment en cuivre qui représente près de 20 % des revenus du groupe.
A la Bourse de Londres, le titre reculait de 2,8 % dans l’après-midi, les investisseurs ayant été déçus par le dividende final de 55 centimes de dollars.
