Comme pris de vertige à l’approche des 5.000 points, le Cac 40, qui venait d’enchaîner trois séances de hausse d’affilée, a freiné des quatre fers ce mardi. A la clôture, l’indice phare de la Bourse de Paris recule de 0,64%, à 4.947,61 points, dans un volume de transactions toujours aussi ténu de 2,6 milliards d’euros. Outre-Atlantique, Wall Street hésite : le Dow Jones cède 0,25%, tandis que le Nasdaq Composite prend 0,28% à quelques heures de la présentation par Apple de ses nouveaux produits, dont l’iPhone 12, qui devrait être équipé de la technologie 5G
La mauvaise nouvelle est venue de la lutte contre la Covid-19 : le groupe pharmaceutique américain Johnson & Johnson, l’une des firmes en pointe pour l’élaboration d’un vaccin contre le SARS-CoV-2, a annoncé, lundi, après la clôture de la place new-yorkaise, qu’elle faisait une pause dans ses essais cliniques en raison d’une maladie inexpliquée chez l’un des patients au test. Son cours de Bourse recule de 2,1% à Wall Street, les opérateurs ignorant le relèvement des prévisions financières par la direction de Johnson & Johnson.
Le début de la saison des trimestriels rassure aux Etats-Unis
Cette annonce intervient alors que la saison des résultats des entreprises vient tout juste de démarrer aux Etats-Unis. « L’aspect entreprise, qui a été oublié ces derniers temps, est très important selon nous, a commenté Alexandre Hezez, stratégiste du groupe Banque Richelieu, lors d’une présentation à la presse. Il va s’agir de mesurer la résilience des entreprises, tant durant la crise que pendant la phase de reprise. »
Les toutes premières publications de résultats ont en tout cas rassuré. JPMorgan Chase a annoncé une hausse surprise de son bénéfice par action au deuxième trimestre, soutenue par la solidité de ses activités de trading et de crédit. Citigroup a, lui aussi, battu le consensus en dévoilant un bénéfice net par action de 1,40 dollar, contre 92 cents attendus par le consensus. Les revenus issus du trading obligataire ont augmenté de 18%, et ceux du trading actions de 15%. Enfin, le décrié gestionnaire d’actifs BlackRock a su attirer 129 milliards de dollars supplémentaires au cours du troisième trimestre, principalement en provenance d’investisseurs européens et asiatiques. Il gère désormais environ 7.810 milliards de dollars d’actifs, un montant en hausse de plus de 12% sur un an.
Rassurant, le Fonds monétaire international (FMI) ne l’a été qu’à moitié. S’il révise à la hausse sa prévision pour l’économie mondiale, tablant désormais sur une contraction de 4,4% cette année, contre -5,2% estimé en juin, le rebond attendu en 2021 sera un peu moins fort qu’initialement prévu. Le PIB mondial devrait rebondir de 5,2%, et non de 5,4%.
Les banques rechutent, Airbus dégradé par JPMorgan
Derrière la baisse du Cac 40 se cache la chute des valeurs bancaires, sur fond de détente des rendements obligataires. Les investisseurs se sont rués sur une émission d’emprunts italiens à trois ans assortis d’un coupon zéro en anticipation d’un renforcement des achats d’actifs de la BCE. BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale ont lâché entre 3,8% et 4,1%.
Airbus a cédé 3,5%. JPMorgan Cazenove a dégradé son opinion sur le titre de l’avionneur européen, passant de « neutre » à « sous-performance ». Selon le broker, le transport aérien ne devrait se reprendre que d’environ 50% l’an prochain, tandis que la profitabilité des compagnies devrait rester faible. En conséquence, l’auteur de la note a révisé en baisse sa prévision de livraisons d’Airbus de 10% à 633 appareils en 2021.
A l’inverse, Worldline a gagné 2,72% grâce à Jefferies. Le broker a relevé son objectif de cours sur le titre de 92 à 110 euros, tout en maintenant sa recommandation d’« achat ». Dans un tout autre secteur, celui des services parapétroliers, il est passé « sous-performance » à « neutre » sur TechnipFMC (+1,9%).
Enfin, Unibail-Rodamco-Westfield a signé la plus forte hausse du Cac 40 avec un gain de 2,92%. Le spécialiste de l’immobilier commercial est entré en négociations exclusives avec un consortium d’investisseurs (Primonial REIM, La Française et EDF Invest) pour la vente de son immeuble de bureaux Shift (47.200m²) situé à Issy-les-Moulineaux, en proche banlieue parisienne. Sur la base du montant communiqué, soit 620 millions d’euros, le prix au m² ressort à 13.135 euros. Oddo BHF y voit un bon point de départ du plan de cessions d’actifs de 4 milliards d’euros visé par la foncière.