Depuis le 2 juin, “l’aéroport a retrouvé l’intégralité de ses capacités tout cargo”, annonce le responsable fret de la plateforme. Celles-ci n’avaient que peu diminué. Pendant la période de confinement, seule La Poste, deuxième client fret de l’aéroport derrière DHL, avait réduit la voilure, arrêtant totalement son activité aérienne du 19 mars au 1er juin. “Habituellement, ce sont plus de 1.000 tonnes par mois depuis et vers Roissy et la Corse”, rappelle Jean-Marc Boutigny.
Les autres expressistes ont laissé leurs appareils et leurs fréquences intacte pendant tout ce temps. Les tonnages de DHL, Fedex et UPS, en retrait de 26 %, 52 % et 44 %, ont été affectés par le ralentissement brutal de l’économie mais traduisent aussi, selon lui, un changement de nature des marchandises transportées au plus fort de la crise : “Le matériel sanitaire est plus léger que le fret habituel”.
Maillon de la gestion de crise
Car le transport aérien de marchandises s’est adapté aux circonstances, devenant un maillon essentiel des politiques de santé publique, surtout le segment du fret traditionnel. “Pour résister en avril et en mai, les opérateurs fret de l’AMP ont diversifié leurs activités”, raconte Jean-Marc Boutigny.
Entre le 10 avril et le 17 mai, le commissionnaire de transport international Bolloré a organisé un pont aérien entre la Chine et Marseille. Les 10 vols en A340-300 convertibles de la compagnie portugaise Hifly ont acheminé 40 millions de masques en provenance de Shanghai – destinés à sa région mais aussi à la Bourgogne-Franche-Comté et au Grand-Est – et 80.000 tests Covid-19 en provenance de Hong Kong destinés à la principauté de Monaco. “En tenant compte de ceux également reçus via les expressistes et en fret camionné en provenance de Roissy-CDG, l’AMP a traité 100 millions de masques sur la période”, ajoute Jean-Marc Boutigny.
Ces opérations charters ont complété les tonnages des vols cargo restant vers l’Algérie et la Tunisie, qui ont limité la chute du fret traditionnel en avril, mois d’arrêt quasi complet des avions passagers. “Tunisair nous à livré des masques et du tissu pour en fabriquer à Marseille et Air Algérie nous a envoyé des tonnes de dattes pendant le ramadan tout en acheminant du matériel médical et pétrolier de Marseille vers l’Algérie”, précise Jean-Marc Boutigny.
Ce dernier ajoute qu’en avril et mai, l’AMP accueilli dix avions cargos militaires gros porteurs (Antonov 22, Iliouchine 78, Hercules C130) pour des arrêts techniques (repos des équipages et refueling).
Cellule Covid pour Dimotrans
La période a, enfin, vu augmenter les volumes de fret camionné du fait de la mise en place par le transitaire Dimotrans d’une cellule Covid pour assurer le dédouanement rapide des produits sanitaires destinés au sud de la France et la préparation de palettes en vue de leur réexpédition. L’entreprise lyonnaise y a fait passer 2,6 millions de paires de gants en provenance de Pékin via CDG, Francfort ou Amsterdam. “L’urgence des masques passée, le besoin de transport aérien se reporte sur les gants et les blouses, le temps que la logistique maritime et ferroviaire se mette en place”, observe Jean-Marc Boutigny.
Le responsable fret souligne “la résilience de tout un secteur qui a su s’adapter”. Et de ceux et celles formant ce qu’on a appelé la deuxième ligne : “les caristes, les chauffeurs… des gens pas forcément bien payés qui sont allés travailler courageusement, parfois sans masque, car ils se sentaient investis d’une mission”.
L’international et La Réunion attendus
Étape supplémentaire du déconfinement, le 2 juin est aussi une date importante pour un transport aérien sinistré. La fin des restrictions annoncée le 3 juin sur la Corse est une excellente nouvelle pour le fret d’AMP.
Jean-Marc Boutigny attend maintenant avec impatience la reprise des vols internationaux : “Pour le fret traditionnel, il manque toujours les capacités des soutes des avions passagers d’Air Algérie, Tunisair, Royal Air Maroc, Turkish Airlines ou encore Ethiopian”. Air Austral, troisième opérateur local sur ce segment, ne doit reprendre sa ligne entre Marseille et La Réunion que début octobre.
Le responsable a calculé que le fret traditionnel sera encore en retrait de 70 % en juin “car il n’y a que les cargos réguliers pour l’Algérie et la Tunisie et les soutes d’Air Corsica pour le charger en ce moment”. Globalement, le fret avionné devrait rester 20 % en dessous du niveau habituel, “ce qui est encourageant en attendant le retour des avions mixtes”.
Pour l’année 2020 dans son ensemble, le nouvel objectif est d’atteindre 40.000 tonnes de fret avionné (- 33 %). À fin mai, la baisse était de 26,6 %, pour 18.929 tonnes.