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Mis à jour le 19/06/2020
Que fait l’Anses ?
Mots-clés :
COVID-19, Coronavirus

A l’interface de la santé humaine et animale, dans l’esprit “d’une seule santé” (“One Health”), le positionnement des laboratoires de l’Anses contribue à apporter une réponse efficace à des questions de recherche appliquée, de mise en œuvre immédiate et à réponse rapide. Ainsi, depuis le début de la pandémie Covid-19, l’Anses a mobilisé ses équipes de recherche, son expertise en matière de zoonoses et de coronavirus animaux, et son réseau de laboratoires pour améliorer les connaissances relatives au SARS-Cov-2 et répondre aux questions nées avec cette crise. Découvrez les différents projets conduits par l’Agence.
Plusieurs laboratoires de l’Anses travaillent sur les coronavirus animaux depuis de nombreuses années et se sont mobilisés sur des travaux de recherche apportant des connaissances sur le SARS-Cov-2.
L’Unité Mixte de Recherche (UMR) en virologie du laboratoire de santé animale d’Alfort (Anses – ENVa – INRAe) mène plusieurs projets de recherche depuis de nombreuses années sur les coronavirus.
- Un projet de recherche concerne le potentiel thérapeutique de nouvelles molécules antivirales contre les coronavirus en général. L’étude est menée sur un coronavirus humain responsable d’infections respiratoires (HCoV-229E) et sur un coronavirus félin (le virus de la péritonite infectieuse féline) à l’origine d’une maladie mortelle du chat. Les molécules les plus efficaces sont testées in vivo chez des chats naturellement infectés pour lesquels aucune thérapie n’est possible actuellement. Ces données permettront d’évaluer la dose efficace thérapeutique contre un coronavirus. Elles sont indispensables pour permettre à terme le développement de thérapie antivirale pour l’Homme.
Depuis le début de la crise Covid-19, l’UMR VIRO s’est particulièrement impliquée en lançant les projets suivants :
- Une étude scientifique sur l’infection potentielle des animaux de compagnie, notamment des chats. A la suite de publications internationales récentes de quelques cas de contamination chez les carnivores domestiques, l’UMR VIRO a lancé une étude scientifique sur la possible transmission au chat du virus SARS-Cov-2. Les vétérinaires praticiens d’Ile-de-France ont été invités à transmettre des prélèvements de chats suspects (chat en contact étroit avec une personne atteinte du Covid-19 ou chat présentant des symptômes respiratoires aigus). Il s’agissait à travers cette étude d’approfondir les connaissances disponibles sur les modalités de transmission et sur le comportement du virus SARS-CoV-2 chez le chat.
Cette étude scientifique a permis la détection d’un premier chat infecté en France. Ce chat, malade puis guéri, a très vraisemblablement été contaminé par son propriétaire. Un article sur le sujet a été récemment accepté pour la revue Transboundary and Emerging Diseases.
- Le projet SARS-entry, financé par l’ANR et coordonné par INRAe, vise à développer des médicaments qui bloqueraient l’entrée du virus SARS-Cov-2 dans la cellule.
- Des travaux sur l’infection potentielle du système nerveux central par le SARS-Cov-2. En effet, un nombre important de patients atteints de formes sévères de Covid-19 présentent des manifestations neurologiques, ce qui porte à croire que le virus pourrait envahir le système nerveux central. La capacité d’infection de ces cellules par le virus sera étudiée sur des cellules du système nerveux central manipulées en laboratoire.
Au laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort, l’Unité de virologie, immunologie, parasitologie aviaire et cunicole (VIPAC) travaille sur les coronavirus aviaires depuis plus de 30 ans. L’Unité de génétique virale et biosécurité (GVB) abrite le laboratoire référent au niveau national pour la diarrhée épidémique porcine (DEP) – maladie provoquée par un coronavirus porcin. Ces deux unités se sont mobilisées pour enrichir les connaissances nécessaires pour faire face à la pandémie et ont ainsi permis de :
- Caractériser l’évolution génétique des coronavirus : ces virus ont un fort potentiel d’évolution du fait de mutations, voire de recombinaisons, puis de sélection. Depuis 2018, le laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort travaille sur ce sujet en étudiant l’évolution génétique de coronavirus aviaires en présence d’une vaccination ou non. Les résultats ont montré que l’évolution génétique d’un coronavirus aviaire est très rapide (dès le premier passage chez les sujets non vaccinés) et est différente chez les sujets vaccinés et non vaccinés. Ces résultats permettent de mieux appréhender l’évolution de coronavirus en présence d’une immunité vaccinale.
- Identifier les traitements d’inactivation de coronavirus sur des masques de protection chirurgicaux : le laboratoire de Ploufragan – en collaboration avec le CHU de Grenoble, la DGA, l’Hôpital de Tours, différents partenaires privés et grâce à l’accès aux installations de l’Institut de recherche Dupuy de Lôme (Université de Bretagne Sud), partenaire de l’Anses dans le cadre de l’Institut CARNOT Agri-Food-Transition – évalue actuellement, sur deux modèles de coronavirus animaux (virus de la bronchite infectieuse des volailles et virus de la diarrhée épidémique porcine), l’efficacité de différents traitements virucides applicables aux masques respiratoires. L’objectif de ce travail est de contribuer à identifier des solutions sécurisées applicables, d’une part par les professionnels et, d’autre part, par les particuliers pour assainir les masques et en permettre la réutilisation.
- Mettre au point un nouveau test sérologique spécifique au coronavirus européen de la dinde : conduit en partenariat avec l’Unité EPISABE et le ZOOPOLE développement Pôle Expertise CTPA, ce projet bénéficie du soutien financier de l’Institut Carnot AgriFoodTransition. A terme, ce savoir-faire pourra être mobilisé pour le développement de tests de détection d’autres coronavirus.
- Etudier la persistance de coronavirus dans les eaux côtières : dans le cadre de l’AAPRA-Covid-19 de l’ANR et en collaboration avec l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, un projet d’étude de la survie et la persistance des coronavirus dans les eaux côtières et la bioaccumulation dans les mollusques a été déposé. Des coronavirus porcins seront utilisés comme modèles de substitution au coronavirus SARS-Cov2 pour les études préliminaires.
- Assurer des diagnostics du SARS-Cov2 : en tant que laboratoire de recherche publique vétérinaire, les unités de virologie sur le site de Ploufragan ont été mobilisées par l’Agence régionale de santé Bretagne pour renforcer les capacités de diagnostic du SARS-Cov-2 en Bretagne. S’il est sollicité, le laboratoire pourra réaliser jusqu’à 360 analyses de RT-PCR par jour. Cette mobilisation de laboratoires vétérinaires dans la lutte contre la pandémie Covid-19 renforce le concept « One health » pour concentrer les efforts sur une santé combinant santé vétérinaire et humaine.
Les laboratoires de Nancy, Lyon, Ploufragan et Maisons-Alfort ont répondu à différents appels à projets, en collaboration avec des équipes de recherche hospitalière, d’INRAe et des écoles vétérinaires, pour développer des modèles animaux sur le furet et le hamster afin de tester de nouvelles approches thérapeutiques et d’investiguer la relation hôte-pathogène. Les résultats obtenus sur les modèles furet à Nancy et hamster à Lyon sont très intéressants et complémentaires. Les effets chez le furet se rapprochent de ceux observés chez l’Homme, notamment au niveau des voies respiratoires supérieures avec des effets cliniques visibles entre 7 et 10 jours après inoculation. Ce modèle animal présente aussi l’intérêt de pouvoir réaliser des prélèvements tels que les lavages nasals sans nécessité de sacrifier l’animal et permet d’assurer un suivi des charges virales dans le temps. Inversement, le modèle hamster montre des signes très rapides et marqués d’atteinte pulmonaire, dès 2 jours après inoculation. Si ce modèle est moins propice que le furet à des prélèvements sans sacrifice, il constitue cependant un excellent modèle, facile à mettre en place et sur des protocoles courts (de l’ordre d’une semaine), pour réaliser une analyse de molécules candidates à un possible effet thérapeutique sur le SARS-CoV-2. La validation de ces modèles animaux est à l’origine de nombreuses sollicitations et dépôts de projets pour les laboratoires de Nancy et Lyon pour mieux comprendre la pathogénie de la Covid-19 et tester des molécules thérapeutiques ou des vaccins en collaboration avec de très nombreux instituts.
Les laboratoires de Nancy, Ploufragan et Maisons-Alfort collaborent également pour étudier dans quelles conditions et pour quelles raisons les coronavirus pourraient franchir la barrière des espèces, et passer ainsi d’une espèce animale à l’autre. Cette étude permettra d’être mieux préparé à l’émergence de nouveaux coronavirus.
Enfin, l’activité de l’Agence dans le cadre du projet One Health « une seule santé » – fondé sur la triade santé humaine, santé animale et santé environnementale – et son implication dans la direction scientifique du DIM (domaine d’intérêt majeur) « One health », a permis de maintenir une activité de recherche dynamique sur les coronavirus des carnivores domestiques, les nouvelles approches thérapeutiques anti-coronavirus et de lever 1 million d’euros pour soutenir la recherche pendant cette crise.