C’était le 4 décembre dernier, les représentants de la Société du Grand Paris se sont rendus à l’usine China Railway Engineering Equipment Group (CREG), à Zhengzhou, dans la tristement célèbre province du Wuhan, pour assister à la livraison de deux des trente tunneliers qui seront mobilisés sur toute la durée du chantier du Grand Paris. Mesurant chacun 9,86 mètres (m) de diamètre pour 115 m de long, chaque tunnelier coûte environ 15 million d’euros (M€). Ces monstres de mécanique et de technologie ont été commandés par le groupement NGE-Salini Impregilo, adjudicataires du lot 2 de la construction de la ligne 16 en Seine-Saint-Denis.
Une fois la démonstration achevée, le premier tunnelier a été démonté. Les colis ont parcouru 9 544 kilomètres (km) par la route en convoi exceptionnel avant de rejoindre Taicang, ville portuaire située du nord de Shanghai. Le navire, qui a appareillé de Chine le 12 janvier, a rejoint le port de Rouen le 14 mars au terme d’un périple maritime de 19 000 km orchestré par Cosco Shipping Logistics Co. “Le navire affrété disposait de grues de 700 tonnes (t) permettant le chargement et le déchargement des colis les plus lourds. L’ensemble des pièces d’un de nos tunneliers pèse environ 2 000 t. Environ 1 300 t sont livrées en convois exceptionnels”, détaille Orso Vesperini, directeur général délégué de NGE chargé des grands projets.
Par route pour les petits gabarits, par fleuve pour les éléments exceptionnels
Spécialiste du transport exceptionnel et de la manutention lourde, Scales a mobilisé une grue de 700 t pour décharger les éléments et organiser le post-acheminement des colis par le fleuve ou par la route en fonction du gabarit. Une partie des éléments stationne actuellement sur le port de Rouen et une autre partie chez Scales sur la plate-forme logistique de Saint-Ouen-l’Aumône. “La durée de livraison d’un tunnelier entre le port de Rouen et le chantier est de l’ordre de 3 à 4 semaines à raison de 3 à 5 livraisons par jour, dont 2 en convois exceptionnels livrés de nuit”, complète Orso Vesperini. Parmi eux, la roue de coupe, la pièce située à l’avant du tunnelier qui sert à découper la roche.
Une deuxième livraison retardée
Si le premier convoi n’a pas subi de perturbation, le second a été retardé plusieurs semaines en Chine. Le navire, finalement autorisé à prendre la mer, est attendu à Rouen entre le 25 et le 28 mai prochain. NGE et Salini Impregilo venaient de démarrer le chantier et s’apprêtaient à monter les éléments du premier tunnelier quand la France s’est retrouvée à son tour figée par le Covid. “Après deux mois d’arrêt nous allons redémarrer l’activité début mai avec de nouvelles procédures pour respecter les règles de distanciations sociale”, complète Orso Vesperini.
Le chantier de la ligne 16 porte sur le forage de 11,1 km de galeries souterraines pour une profondeur de 8 à 52 m. Les tunneliers démarreront de part et d’autre de la future ligne à Aulnay et Chelles, entre La Courneuve et Saint-Denis. La mise en service de la ligne 16 est prévue pour 2023. Au total, six tunneliers ont été commandés par NGE et Salini Impregilo pour construire les futures lignes souterraines attribuées au groupement dans le cadre Grand Paris Express. Les quatre autres machines ont été fabriquées en Allemagne par Herrenknecht de Schwanau.
