Sur les 23 personnes prises en otages dans le monde de janvier à juin, 18 l’ont été dans les eaux ivoiriennes, lors de la tentative de détournement d’un chalutier chinois déjouée à la demande du BMI par la marine nigériane, qui a “empêché que le bateau soit utilisé comme navire-mère pour porter d’autres attaques”. Les cinq autres otages ont été menacés en Asie et en Amérique du Sud.
Marins éprouvés par la crise
Le directeur du BMI Michael Howlett convient que les gens de mer, en mal de relève, n’ont pas besoin de ça en ce moment : “La menace grandissante de la piraterie s’ajoute aux épreuves subies par les centaines de milliers de marins travaillant au-delà de leur période contractuelle à cause des restrictions de voyages dues au Covid-19”.
Le BMI, qui propose un service d’alerte en temps réel, appelle les commandements à faire remonter les incidents le plus vite possible afin d’engager des réponses rapides. “Nous devons changer le rapport bénéfice-risque pour les pirates opérant dans cette zone”, sous peine de les voir “plus impitoyables et plus ambitieux”, prévient Michael Howlet.
L’Asie en tête des incidents
Sur le semestre, le nombre total d’actes a augmenté de 25,6 % dans le monde pour atteindre, selon le BMI, 98 incidents (82 attaques effectives et 16 tentatives), après une baisse équivalente pour la première moitié de l’année dernière.
Dans ce total, la division spécialisée de la Chambre de commerce internationale (ICC) distingue 81 navires abordés, dix attaques infructueuses, six navires ayant subi des tirs et un seul détourné. Ce dernier chiffre est le plus bas depuis 1993, souligne le PRC. Le port reste l’endroit le plus sûr. Le rapport précise que 53 navires ont été visés alors qu’ils étaient au mouillage, six à quai et 39 alors qu’ils naviguaient. Plus nombreux dans la zone la plus sensible et présentant souvent un franc-bord moindre que les autres, les navires citernes sont toujours de loin les plus prisés des pirates (36), devant les vraquiers (21) et les porte-conteneurs (17). Viennent ensuite les navires de service et spéciaux (15), les chalutiers (5) et les conventionnels (3).
D’un point de vue géographique, c’est cette fois moins de la moitié de ces actes (34) qui ont eu lieu dans le golfe de Guinée. Pour la première fois depuis longtemps, l’Afrique de l’Ouest est même dépassée par l’Asie du Sud-Est, qui totalise 35 incidents répartis entre les mers de l’Indonésie (15), du détroit de Singapour (11) des Philippines (4), de la Malaisie (2), du Vietnam (2) et de la Thaïlande (1).
Généralement, les attaques perpétrées dans cette région du monde sont moins graves que le long des côtes africaines et le danger est de nature différente. Dans le détroit de Singapour, les incidents “augmentent les risques de collision dans ce canal à fort trafic, surtout la nuit, note le BMI. Bien que la plupart soient des attaques opportunistes et de faible envergure qui s’interrompent lorsque les alarmes retentissent, deux cas de marins menacés au couteau, pris en otage et blessés ont été rapportés en mai”. Les attaques dans les zones de mouillage et les chenaux indonésiens ont doublé, comparé à 2019.
L’Amérique latine ne dit pas tout
Les Amériques (centrale et du Sud) ont cumulé 17 attaques de janvier à juin et restent en proportion le deuxième point chaud mondial s’agissant des violences faites aux personnes (4 prises en otages et 3 blessés). Le BMI déplore que toutes les attaques dans cette région ne soient pas déclarées, ce qui “rend le phénomène plus difficile à endiguer”. Il constate que les quatre attaques menées au Mexique l’ont toutes été sur des navires de service offshore en onze jours de temps en avril, que la zone de mouillage de Callao (Pérou) est toujours dangereuse (4 incidents) et qu’au moins trois porte-conteneurs ont été attaqués faisant route près de l’Équateur. Les autres actes rapportés dans la zone ont eu lieu en Haïti (3), au Brésil (2) et en Colombie (1).
Le sous-continent indien (Inde et Bangladesh) a totalisé sept incidents et l’Afrique de l’Est trois, tous au Mozambique. Encore une fois, les célèbres pirates somaliens sont restés muets au cours de ces six mois. Les deux incidents restants se sont déroulés en Guinée Bissau et en Irak.