Il s’en est fallu de peu, mais le Cac 40 restera finalement sous les 4.900 points ! Hésitante (ou résistante) jusqu’à la mi-séance, la Bourse de Paris a perdu pied en début d’après-midi, suivant l’évolution des futures américains. Après un plus-bas de séance à 4.839,08 points, le Cac 40 a réduit ses pertes grâce à la publication de l’indice PMI américain du mois d’août. En données préliminaires, la statistique est ressortie à 54,7 points, contre 50,3 en juillet et 51,7 attendu par le consensus.
Cela a toutefois été insuffisant pour sauver la séance à Paris, où le principal baromètre termine en repli de 0,30%, à 4.896,33 points, dans un volume de transactions de 2,6 milliards d’euros. Sur cinq jours, le Cac 40 cède 1,34%, mettant fin à deux semaines consécutives de progression.
A l’heure où l’Europe boursière ferme ses portes, les grands indices américains gagnent un peu de terrain, mais sans grand enthousiasme. Le Dow Jones prend 0,22%, le Nasdaq Composite 0,2% et le S&P 500 est stable. Plus tôt dans la semaine, l’indice élargi des 500 premières capitalisations a dépassé son précédent record du 19 février, en venant flirter avec les 3.400 points en séance. Cet impressionnant rebond du S&P 500, de 55% par rapport au point-bas du 21 mars, avant que la crise sanitaire ne commence à paralyser l’économie américaine, est en très grande partie dû aux géants de la tech.
Les Gafam sont considérés comme des valeurs de « confinement », à l’heure où la distanciation sociale et les mesures de restrictions de circulation sont de mise. Mercredi, Apple est devenue la première entreprise américaine à dépasser les 2.000 milliards de dollars de capitalisation boursière, deux ans seulement après avoir franchi le cap des 1.000 milliards. « Ce sont de grandes entreprises et elles devraient continuer à enregistrer une solide croissance de leurs bénéfices, mais il faut se demander si leur cours de bourse actuel ne suscite pas trop d’enthousiasme, souligne Brian Price, responsable de la gestion des investissements chez Commonwealth Financial Network, sur CNBC. Il serait constructif pour la santé du marché boursier si nous commencions à voir d’autres secteurs montrer une force relative. » Aux interrogations sur la pérennité de l’envolée des géants de la tech américaine s’ajoutent, ce vendredi, de mauvais indicateurs d’activité dans le secteur privé européen.
La reprise s’essouffle en zone euro
Les indices PMI préliminaires ont fortement baissé en août dans toute la zone euro, décevant les attentes du consensus. Le composite, qui fait la synthèse entre le secteur des services et celui manufacturier, a reculé de 3,4 points par rapport à juillet, pour tomber à seulement 51,6, son plus bas niveau depuis deux mois. Cela « nous fait craindre que la reprise économique ait commencé à se stabiliser », commente Moritz Degler, économiste senior chez Oxford Economics. Abondant dans son sens, Andrew Harker, directeur économie chez IHS Markit, rapporte que « la reprise économique de la zone euro a perdu de son élan en août, tendance reflétant la faiblesse de la demande inhérente au contexte de pandémie. Le rebond de l’activité a été fragilisé par la remontée du nombre de cas de Covid-19 dans diverses régions de la zone euro, et par la réintroduction de restrictions touchant tout particulièrement l’activité de services. Le secteur manufacturier a quant à lui continué d’afficher de fortes hausses des niveaux de production et des nouvelles commandes. » Pour la suite, tout dépendra de la situation sur le front sanitaire.
« Nous sommes toujours convaincus que le troisième trimestre verra un fort rebond de la croissance mécanique, affirme Mortiz Degler. Mais avec la recrudescence des cas de coronavirus dans la zone euro, il est probable que les avertissements aux voyageurs et le rétablissement des mesures d’endiguement régionales resteront en vigueur. En conséquence, l’activité des services, qui semble s’être stabilisée en août, laisse entrevoir des perspectives plutôt sombres pour le quatrième trimestre. » Point saillant de cette publication, l’indice PMI manufacturier français a basculé sous le seuil critique des 50, à 49 points, signe d’un retour en contraction dans ce secteur.
La course au vaccin continue
Tout cela relègue au second plan les avancées dans la course au vaccin contre le Covid-19. C’est le principal catalyseur en Bourse. Il avait constitué un élément de soutien en Bourse en matinée. Parmi les grands acteurs du secteur, Johnson & Johnson prévoit des tests de phase III à très grande échelle de son candidat-vaccin.
De son côté, BioNTech (+10% en Bourse), qui codéveloppe avec Pfizer l’un des vaccins les plus matures en termes de stade de développement, a annoncé des résultats très prometteurs avec son vaccin de deuxième génération. Ils montrent une réduction très nette des effets indésirables tout en maintenant une réponse immunitaire jugée satisfaisante.